Les méditations de Brother Steve sur l'apprentissage de la musique irlandaise



Sujets de méditation:
Qu'est-ce que vous essayez d'apprendre?
Pourquoi cette insistance sur l'écoute ?
Parler le jargon
Apprendre avec des partitions ?
Votre meilleur professeur
Le rythme et l'ornamentation: la théorie du bon gâteau
Le paradoxe de la vitesse apparente
Le paradoxe du flow ?
Etes-vous un Vrai Croyant ?
Pour ceux qui ont une formation classique
Mettez des croûtons dans la soupe !


Qu'est-ce que vous essayez d'apprendre?

Si vous apprenez le tin-whistle pour pouvoir jouer de la musique irlandaise, il y a des chances que vous soyez en train d'apprendre deux choses à la fois: le tin-whistle et la musique irlandaise.

La bonne nouvelle est que la partie "tin-whistle" est facile (en fait on ne peut guère rêver d'un instrument mélodique plus simple). Soyez donc assuré qu'avec suffisamment d'application et un peu d'aide de la part de professeurs, manuels et autres musiciens, vous serez capable de maîtriser cet instrument.

L'autre nouvelle est que pour apprendre, il faut autant écouter que jouer -- en fait beaucoup plus écouter que jouer. Poursuivez votre lecture !

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Pourquoi cette insistance sur l'écoute ?

Les professeurs et les musiciens expérimentés recommandent aux débutants de passer beaucoup de temps à écouter de la bonne musique. La plupart d'entre vous ne suit pas ce conseil. Alors pourquoi le donne-t-on ?

Chaque style musical a ses propres conventions, ses propres règles. Prenons un exemple : pour le meilleur ou pour le pire, vous avez probablement entendu pas mal de musique country pendant votre vie. En entendant un violoniste classique jouer un solo dans une chanson country ou une chanteuse d'opéra chanter "Stand by your man" accompagnée par des musiciens de Nashville, vous vous rendriez tout de suite compte que quelque chose cloche. Cela veut dire que vous connaissez suffisamment les conventions de la musique country pour remarquer que le violoniste ou la cantatrice ne les respectent pas.

La musique irlandaise a ses propres caractéristiques stylistiques qui ne sont pas présentes dans les genres de musique avec lesquels la plupart d'entre nous avons grandi. C'est pourquoi vous devez écouter attentivement pour découvrir ces caractéristiques et travailler à les reproduire : sinon vous produirez sur des auditeurs avertis le même effet qu'une cantatrice qui chanterait à la place de Tammy Wynette -- ou pire, que Johnny Cash qui essaierait de chanter un air d'opéra.

Voilà pourquoi il faut écouter : pour apprendre les conventions.

Malheureusement, cela prend du temps. Je sais que vous ètes impatient de jouer. Vous avez hâte d'apprendre 50 morceaux, ou 500 morceaux, ou 5000 morceaux pour pouvoir participer aux sessions locales. Mais s'il vous plait, en plus d'apprendre ces morceaux, mettez du temps de côté pour écouter de bons musiciens et absorber les "règles de la langue" (voir le paragraphe suivant) et entendre les choses subtiles qui se produisent.

Si vous avez la chance d'avoir de bons musiciens là où vous habitez, écoutez-les attentivement et activement. Observez, remarquez, comparez. Assurez-vous d'avoir des enregistrements de bonne musique traditionnelle jouée au whistle, de préférence en solo.

N'en restez pas au premier musicien que vous avez entendu en concert et du jeu duquel vous ètes tombé amoureux(se). Écoutez différents styles, différentes approches. Ne vous contentez pas d'écouter du whistle ; les violonistes, les flûtistes, les joueurs de cornemuse, tous ont quelque chose à vous apprendre. (Même les accordéonnistes.)

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Parler le jargon

Je vis à Montréal, qui est une ville multilingue où l'on peut souvent entendre des gens parler une langue autre que leur langue maternelle. Certains Anglophones s'expriment dans un Français correct, mais sont trahis par leur accent. (La même chose est bien entendu vraie des Francophones parlant Anglais.)

Par exemple, beaucoup d'Anglophones confondent les sons "u" et "eu", qui n'existent pas dans leur langue maternelle. Ils sont ainsi tentés de prononcer le mot "queue" de la même façon que le même mot avec le son "eu" remplacé par "u", ce qui peut s'avérer très gênant dans certaines circonstances. En fait ils n'entendent même pas la différence, leur oreille n'y étant pas habituée. A fortiori, ils sont incapables de la reproduire.

De même, quelqu'un peut écouter de la musique irlandaise et ne pas entendre des choses évidentes pour celui dont c'est la "langue maternelle".

Voici un exemple tiré de ma propre expérience. Je jouais du violon avec enthousiasme depuis pas mal de temps et je pensais que je m'en sortais plutôt bien merci, quand un excellent violoniste du Donegal, m'ayant entendu jouer une gigue, me prit à part pour m'expliquer gentiment que je jouais le rythme complètement de travers. Au début j'étais désespéré et je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire, mais peu à peu, grâce à une écoute attentive et à quelques indications supplémentaires, je commençai à comprendre l'idée. Mais il m'a fallu des mois pour commencer à jouer les gigues d'une façon plus acceptable. Avec le bon accent, si vous voulez.

Maintenant, quand j'entends un débutant enthousiaste jouer une gigue de la manière avec laquelle je jouais, je rends grâce à gentil violoniste, et quand j'enseigne, j'insiste lourdement sur l'importance d'apprendre à entendre les variations subtiles de rythme dans les gigues par une écoute appronfondie et consciencieuse. C'est que vous ne pourrez les reproduire dans votre jeu tant que vous ne les aurez pas entendues.

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Apprendre avec des partitions ?

En ce qui concerne la musique irlandaise, je pense qu'apprendre à jouer en lisant la musique est un peu comme apprendre à un enfant à lire avant qu'il sache parler, puis s'attendre à ce qu'il apprenne à parler en lisant le journal.

OK, j'exagère un peu. En fait j'utilise des partitions dans mes cours à Siamsa parce que certains élèves -- surtout ceux qui ont joué d'un instrument classique -- semblent ne pas pouvoir s'en passer. Mais c'est comme apprendre l'espagnol avec un livre : à un moment donné, il faut poser le livre, sortir dans la rue et commencer à écouter et à parler. Il y a tellement de choses qui ne sont pas dans le livre et qu'on ne peut pas se permettre de manquer. Tant qu'on a les yeux rivés à une feuille de papier, il y a une part de nous-mêmes qui ne fait pas attention à l'essentiel.

Si vous ne savez apprendre que par l'intermédiaire de partitions, rendez vous un service : apprenez à développer votre oreille. Sans vos béquilles, vous allez boiter pendant quelque temps, mais bientôt marcher, puis courir.

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Votre meilleur professeur

Je connais un violoniste de premier plan qui donne des cours mais pense qu'en réalité l'enseignement est une perte de temps. C'est un autodidacte, et selon lui, ceux qui ne peuvent apprendre par eux-mêmes n'arrivent à rien.

Je ne suis que partiellement d'accord. Je pense qu'un professeur peut être utile et faire gagner du temps à ses élèves en leur disant s'ils sont sur la mauvaise piste. Mais je crois aussi qu'il faut avoir une motivation propre et ne pas dépendre d'un professeur. (Cela implique de devenir un Vrai Croyant.) En fin de compte, nous sommes tous autodidactes, et comment apprenons-nous ? En utilisant nos oreilles.

Apprenez à faire confiance à vos oreilles. Elles sont votre meilleur professeur. Vous pouvez lire une description d'une certaine technique dans un livre, ou vous la faire expliquer par quelqu'un, mais vous ne pouvez pas l'utiliser correctement si vous ne l'entendez pas correctement. Si vous entendez mentalement le son ou l'effet désiré, tôt ou tard vos doigts trouveront le moyen de le produire.

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Le rythme et l'ornamentation: la théorie du bon gâteau

Une des premières choses que l'on remarque dans de la musique irlandaise, ce sont ces irrésistibles rythmes de danse. Une autre chose que vous remarquerez probablement est le caractère inhabituel des mélodies, qui est souvent la conséquence de leur nature "modale". (Les gammes utilisées, si l'on veut.)

Mais quand vous commencerez à jouer du whistle, les ornements complexes utilisés par la plupart des musiciens vont certainement attirer votre attention. Dans les manuels, les ateliers, les discussions entre musiciens, vous allez rapidement entendre des mots comme "cuts", "rolls" et "crans". Vous allez vite en conclure que ces procédés forment une part essentielle de la musique irlandaise. Et c'est le cas.

Mais -- et c'est un "mais" fondamental -- le rythme est beaucoup, beaucoup plus important que l'ornementation. Ne vous y trompez pas. Les ornements ne servent qu'à mettre le rythme en valeur, et ne doivent pas s'y substituer. Comme on dit en anglais : It don't mean a thing if it ain't got that swing!

Passez tout le temps que vous voulez à maîtriser l'ornementation, mais surtout, que le rythme soit bon ! D'une part le tempo doit être constant (il ne doit y avoir ni ralentissement ni accélération) ; d'autre part, le rythme doit convenir au type de morceau.

On peut jouer de l'excellente musique irlandaise avec presque aucune ornementation. Mais on ne peut jouer de la bonne musique irlandaise, ou même de la médiocre, sans un bon rythme. Si votre rythme est bon, tout le monde prendra plaisir à écouter et tapera du pied en cadence. Sinon absolument personne ne prendra aucun plaisir à vous écouter.

C'est un peu comme la cuisine : on peut faire un délicieux gâteau au chocolat sans mettre de sucre-glace dessus, mais recouvrir un mauvais gâteau de sucre-glace ne cachera pas le fait qu'il est dégueulasse.

Moralité : assurez-vous de ce que le gâteau est bon. Comment en être sûr ? Après suffisamment d'années d'écoute, on le sait. A défaut, on peut toujours demander une opinion en privé à de bons musiciens. ("Alors, Joanie, comment tu trouves le rythme de mes gigues.")

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Le paradoxe de la vitesse apparente

Vous est-il arrivé d'écouter un enregistrement de musiciens irlandais hors pair jouant une danse à bonne vitesse, d'essayer de jouer en même temps et de vous apercevoir que le tempo était beaucoup plus élevé que vous ne le pensiez ? Ou au contraire d'entendre des instrumentistes moins expérimentés dont la musique semble "courir" (et n'est pas très agréable à écouter) bien qu'ils ne jouent pas spécialement vite ?

Une partie de l'art de la musique irlandaise -- de la plupart des genres de musique, en fait -- consiste un créer un sentiment d'espace à l'intérieur du morceau, de sorte que les notes tombent à leur place, quel que soit le tempo, plutôt que de donner l'impression de "courir". Il s'agit principalement d'être sûr du rythme qu'on cherche à créer et également d'avoir confiance en sa propre capacité d'y parvenir. Bien sûr, il faut aussi avoir la technique requise.

Cette assurance doit être votre but. Quand elle viendra, vous aurez du plaisir à jouer et les autres en auront à vous écouter. En attendant (et même ensuite), résistez à la tentation de jouer trop vite pour vous.

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Êtes-vous un Vrai Croyant ?

Ceux qui commencent à jouer de la musique irlandaise tard dans leur vie (disons après douze ans !) se donnent une tâche difficile. Il est possible de commencer en douceur, mais tôt ou tard, si l'on veut parvenir à un niveau plus élevé, il est nécessaire de devenir un peu obsessionnel. Si c'est votre cas, il y aura une période d'au moins deux ans, peut-être beaucoup plus, où vous agirez d'une façon un peu bizarre. Vous écouterez de la musique irlandaise tout le temps (en lavant la vaisselle, en promenant votre chien, en conduisant). Le reste du temps, vous vous enfermerez dans votre chambre pour pratiquer le whistle avec une intensité incompréhensible pour vos amis et votre famille.

Vous assisterez à des sessions avec une assiduité frisant la dévotion, puis vous passerez aux festivals. Vous commencerez ensuite à revenir à la maison avec des disques de gens portant des noms comme Willie, Miko ou Tommy. Vous partirez en pélérinage à Doolin, Miltown Malbay et d'autres lieux saints en Irlande de l'ouest. Vous êtes devenu un Vrai Croyant.

Il y a deux sortes de gens qui apprennent la musique irlandaise. Ceux qui deviennent de Vrais Croyants et ceux qui s'imaginent pouvoir se passer de cette phase obsessionnelle. D'après mon expérience, il est très difficile pour les deuxièmes d'atteindre la terre promise. Un chameau qui tenterait de passer par le chas d'une aiguille aurait moins de mal.

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Pour ceux qui ont une formation classique

Ce paragraphe s'adresse à tous ceux qui ont joué d'un instrument dans un autre style de musique, en particulier classique. Mes réflexions sont basées sur ma propre expérience -- j'ai appris le violon classique avant le violon irlandais -- et celle de quelques autres personnes (dont certains de mes étudiants).

Les musiciens classiques ont en général une excellente maîtrise de leur instrument et peuvent déchiffrer facilement la partition de n'importe quel air traditionnel. De nombreux musiciens traditionnels, en particulier flûtistes et violonistes ont une technique que les musiciens classiques qualifieraient d'incorrecte, et beaucoup lisent la musique lentement, voire pas du tout.

Cela amène de nombreux musiciens classiques -- moi y compris -- à tomber dans un énorme piège : ils pensent que la musique traditionnelle est facile pour eux : la seule chose à faire est de mémoriser les morceaux, leur excellente technique fera le reste. La musique folk est facile et la musique classique sophistiquée, pas vrai ?

En réalité, ils ont énormément à apprendre -- et à désapprendre. La musique folk est peut-être relativement simple, mais elle a ses propres règles et subtilités. Il faut apprendre à entendre des rythmes qui n'existent pas dans la musique classique ou rock et à les reproduire sur l'instrument. Il faut comprendre que la partition n'est qu'un guide très rudimentaire qui ne rend pas compte des subtilités rythmiques. Il faut comprendre que le morceau tel qu'il est écrit n'est qu'un exemple de la façon dont le morceau peut être joué -- une instance, si vous voulez, etc. etc.

Si vous êtes violoniste, il vous faudra désapprendre ou apprendre à contrôler certains réflexes relatifs aux coups d'archet, et en apprendre de nouveaux contraires à l'intuition. Si vous jouez de la flûte (à bec ou traversière) votre manière de respirer et vos coups de langue demanderont un travail similaire, etc. etc.

Le plus tôt un musicien classique prend conscience de tout cela et -- désolé d'être brutal -- apprend la modestie, le mieux. Hélas, certains semblent ne jamais comprendre, même après de nombreuses années. (Si vous avez des doutes, faites le pélérinage en Terre Sainte et vous deviendrez un Vrai Croyant.)

Voici quelques examples pour vous faire sourire et illustrer mon propos :

  1. Bien avant de rencontrer la musique traditionnelle proprement dite, j'écoutais le folk-rock popularisé par des groupes comme Fairport Convention et Steeleye Span. Au début des années 70, mon frère m'offrit un disque de Steeleye Span pour Noël. Sur ce disque, il y avait une suite de reels commençant par Dowd's favourite joué au violon par Peter Knight. J'achetai la partition et essayai de jouer ce morceau (un reel pour débutants, vous entends-je dire). Je me rappelle m'être dit : "Un peu de travail et dans six mois je serai aussi bon que ce gars-là". Vingt ans plus tard j'ai remis le disque et réalisé que je ne serai jamais capable de faire aussi bien. Une expérience qui rend humble ! Mais il m'avait fallu toutes ces années d'apprentissage et d'écoute pour comprendre que "ce gars-là" maîtrisait le style.

  2.  
  3. Il y a quelques années, un violoniste sortant du Conservatoire commença à fréquenter les sessions de notre ville. Voyant que malgré sa maîtrise stupéfiante du violon, il n'avait pas bien saisi l'essence de la musique traditionnelle, quelqu'un lui suggéra d'envisager de prendre des cours à l'école d'été Willie Clancy, Co. Clare. Après avoir assisté au concert d'ouverture, auquel participaient la plupart des professeurs de violon, on rapporta qu'il avait déclaré ne pas vouloir s'inscrire aux cours parce qu'il "n'avait pas trouvé de professeur qui joue juste."

  4.  
  5. Hier (18 février 2001) j'entendis un jeune violoniste d'environ 19 ans qui faisait la manche dans ma station de métro. Comme je devais attendre une correspondance, je restai à l'écouter pendant une dizaine de minutes. Il joua entre autres The teetotaller's fancy à une vitesse démentielle -- comme Nomos sous anabolisants. Évidemment, son interprétation n'avait aucun swing, aucune ornementation, ne variait pas d'un iota aux reprises, etc. Il poursuivit avec une pièce de Bach, qu'il jouait de façon langoureuse avec beaucoup de finesse. Il considérait sans doute sa performance sur The teetotaller's comme magistrale. J'ai failli lui dire combien son interprétation de Bach était magnifique et sa parodie de musique irlandaise m'avait écorché les oreilles, mais le bus est arrivé...

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Mettez des croûtons dans la soupe !

Il y a environ un quart de siècle, je jouais avec une flûtiste classique accomplie à Londres. Cherchant à l'impressionner, je l'emmenai voir "The Mulligan Roadshow", un concert avec Matt Molloy et d'autres artistes du label Mulligan en tournée promotionnelle. A ma consternation, elle ne fut pas du tout impressionnée par celui que beaucoup considèrent comme le prince de la flûte irlandaise. Mais quand Kevin Burke arriva avec son violon et joua des extraits torrides de "Promenade" accompagné par Micheal O Domhnaill, elle fut tout simplement captivée.

If the cap fits Une semaine plus tard, descendant Bayswater Road dans sa voiture en écoutant "If the Cap Fits", elle s'exclama : "J'adore cette manière de jouer du violon. C'est tellement fluide, et ensuite ces petits morceaux croustillants sont délicieux !" En l'entendant parler, je m'imaginais une soupe veloutée avec des croûtons flottant dedans.

Les "petits morceaux croustillants" étaient bien sûr les ornements explosifs, "trebles", rolls, cuts etc. utilisés par le maître. Depuis cet épisode, j'aime comparer l'interprétation musicale avec la cuisine : un morceau de musique est un peu comme une recette. Les techniques de jeu traditionnel sont comme des boites pleines d'épices et d'assaisonnements dont on peut saupoudrer le morceau pour lui donner le goût voulu. C'est pourquoi je parle parfois de la "boite à épices de l'ornementation".

Les meilleures recettes sont toujours un peu improvisées. Qui veut servir exactement le même plat à chaque fois ? Quand vous entendrez un morceau pour la première fois, vous voudrez l'apprendre exactement comme vous l'entendez sur un disque, une partition ou jouée par un autre musicien. Je ne vois pas de mal à cela. Mais ensuite vous vous rendrez compte qu'...

... un morceau est quelque chose d'assez fluide

Le morceau est représenté par chacune de ses exécutions. Mais il est en général bien plus que n'importe laquelle d'entre elles. C'est particulièrement vrai pour les vieux airs traditionnels que des générations de musiciens ont aimés et se sont appropriés. J'ai toujours plaisir à écouter les maîtres des générations anciennes, comme Séamus Ennis et Bobby Casey. Souvent on peut trouver le même morceau sur différents enregistrements du même musicien et les interprétations sont très différentes. Cela m'a appris à considérer chaque manière de jouer un morceau comme ce qu'on pourrait appeler une "instance" : un exemple, une incarnation, une interprétation, qui peut varier à l'infini tout en restant incontestablement le même morceau.

Tout en progressant, utilisez tous vos croûtons, épices, arômes, toute votre compréhension d'un morceau pour le jouer avec une certaine liberté. Cela vous procurera la joie de créer chaque fois un nouveau plat, jamais exactement semblable au précédent même s'il porte votre signature.

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The flow paradox

--- Ça s'en vient ---------------------.


Dernière mise à jour : 27 juillet 2002