Les coups de langue



Articuler ou ne pas articuler
Les bases de l'articulation
Exercice : supprimer tous les coups de langue
Quelques exemples
Et ensuite ?

Articuler ou ne pas articuler

... et quand ? Voilà la question. Et elle n'est pas facile. Comme pour beaucoup d'aspects de la musique irlandaise traditionnelle, il n'y a pas de règle absolue.

Je possède deux enregistrements qui constituent des cas extrêmes. Le premier est une gigue jouée au whistle par le grand Seamus Ennis (dont l'instrument de prédilection est l'uillean pipe). Il y a environ deux coups de langue dans tout le morceau. Le deuxième est également une gigue, cette fois interprétée par le "magicien du whistle du Donegal", Packie Manus Byrne. Il articule chaque note sauf deux environ. Chacun de ces deux enregistrements est un exemple de bon jeu traditionnel, dansant et enlevé.

Entre ces deux extrêmes, n'importe quel degré de variation est possible. Il va vous falloir travailler l'articulation, mais je peux vous donner quelques conseils et un exercice pour vous permettre de trouver votre propre style. Je ne peux insister assez sur l'importance d'écouter une grande variété de bons instrumentistes. Voir mon sermon à ce propos dans les Méditations.

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Les bases de l'articulation

Pour articuler, dites "t" ("te" ou "tu"). Cela permet d'attaquer la note clairement et distinctement. Le meilleur endroit pour la langue est probablement le palais juste derrière les dents du dessus et non le bec du whistle, bien qu'en fait je pense que ma langue entre assez souvent en contact avec le bec (surtout avec certains instruments). Vous empêcherez ainsi la salive de rentrer dans l'instrument et vous gagnerez en vitesse et en précision (ce qui sera très utile quand vous étudierez des techniques avancées comme les coups de langue triples, mais n'anticipons pas.)

Je viens de dire qu'il n'y a pas de règles, et pourtant je vais vous en donner trois, histoire de vous mettre sur la voie. (Vous pourrez toujours essayer de passer outre plus tard.) En fait ces trois règles se ramènent à un seul principe de base.

  1. Articulez toujours quand vous venez de respirer. Cette règle s'applique entre autres à la toute première note du morceau.
  2. Si vous débutez, je vous recommande de ne pas attaquer la note en soufflant sans coup de langue. Il y a des chances pour que vous ayez l'air d'un môme de 5 ans qui tient une flûte à bec dans ses mains pour la première fois. Pas très joli ! Cependant, réalisé correctement, cela pourrait être utile plus tard (voir plus loin).
  3. Si vous avez l'habitude d'articuler en interrompant le flot d'air dans la gorge (ce qu'on appelle en termes techniques une occlusion glottale), je vous conseille d'abandonner cette habitude au profit du coup de langue. Elle resserre la gorge et risque de vous faire émettre de petits grognements (mais là aussi voir plus loin).
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Exercice : supprimer tous les coups de langue

Après ces quelques conseils sur l'articulation, voici comment NE PAS articuler ! L'exercice suivant vous aidera à décider quand articuler et vous montrera les possibilités de la non-articulation. Il est particulièment utile pour les joueurs de flûte traversière et à bec qui viennent d'un style musical différent.

Les débutants utilisent souvent trop ou mal la langue. Il est donc intéressant de commencer par se débarasser des coups de langue, puis les replacer aux endroits adéquats.

L'exercice consiste à émuler une cornemuse. Essayez de jouer le morceau tout entier sans coup de langue (à part la première note du morceau et la première note suivant chaque respiration.) Pour traiter les notes répétées, utilisez des ornements. Pour cela, il vous faut étudier la page sur les cuts. À la rigueur, vous pouvez utiliser des taps. Mais n'interrompez pas le flot d'air avec la gorge, ce serait de la triche !

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Quelques exemples

Voici quelques morceaux pour vous montrer le genre d'effet que produit l'absence de coups de langue. Tout d'abord, une petite marche.

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Star of the County Down sans coups de langue (101K)

J'ai surtout utilisé des cuts et de temps en temps des taps là où il y a des répétitions.

Augmentons un peu la difficulté avec une gigue. Elle n'est pas trop difficile pour cet exercice vu qu'il y a peu de notes répétées.


The tongue is all over! sans reprise (80K)

Je n'ai pas joué les reprises pour ne pas augmenter la taille du fichier. J'ai utilisé des cuts non seulement pour séparer les notes de même hauteur (par exemple les deux La au milieu de la troisième mesure), mais aussi pour mettre en valeur certaines notes, par exemple les premières de certaines mesures. Vous aurez par ailleurs remarqué que j'ai choisi de respirer après le premier temps de la première mesure de la deuxième partie et non entre les deux parties, de façon à illustrer ce que je dis dans la page sur la respiration.

Voici pour finir un reel. Il est peut-être un peu difficile pour vous présentement, mais cela vous donne une idée des possibilités qu'offre la non-articulation.


La serveuse derrière le bar a perdu sa langue ! (et ses reprises) (77K)

Et voilà. Vous voulez jouer un style traditionnel authentique, du genre "uillean piper qui joue du whistle" ? Supprimez les coups de langue et vous y êtes quasiment. Il y a des joueurs de whistle contemporains dont le style est très proche des trois extraits précédents. Ce n'est pas mon cas, soit dit en passant, j'utilise beaucoup ma langue. Mais je trouve que c'est un bon exercice, que je devrais sans doute faire plus souvent !

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Et ensuite ?

Je rajouterai peut-être quelques affaires sur cette page, mais le sujet est complexe, et pour l'instant je m'en tiens là. L'articulation est dans une large mesure une question de choix personnel, un compromis entre fluidité et attaque. Voir Mettez des croûtons dans la soupe !.

Je parle de l'articulation dans les sections sur Les gigues - plus compliqué qu'on ne le croit et les triolets (qui s'en viennent).

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Dernière mise à jour : 10 octobre 2003